dimanche 14 octobre 2007

Images de la colère


Il ne s'agit pas à proprement parler d'un film dans ce commentaire : mais de la fronde qui s'est étendue cette semaine dans tous les médias. Et dont la création d'un musée de l'immigration a été le ferment. Les médias sont puissants dans la bêtise, ils peuvent aussi l'être dans l'intelligence, la révolte. Ils forgent une opinion. Ils façonnent aussi notre "identité".

La première fois que le mot identité a résonné dans mon esprit c'est dans l'utilisation de la notion de peuple que Elie Faure. Il l'a utilisée pour trouver au niveau artistique quel était l'esprit des peuples. J'ai reconnu que nous sommes pris dans un ferment culturel puissant.


Les médias créent des images visuelles et sonores. Ils transforment les mots en images. Alors que les mots donnent l'apparence d'être sans imaginaire, ils en montrent au contraire la teneur. Ils en montrent aussi l’institution (c’est le cas de le dire), ils les retournent. Cette déconstruction n'est pas l'affaire de spécialistes seulement, mais devient l'affaire de tous.

En voici quelques uns : ADN, GENETIQUE IMMIGRATION, MINISTERE, CONTROLE, FAUX CHOMEURS, En quelques mots nous avons tous les dangers et les défis que nous adressent notre monde. Et avec eux la colère qui gronde.

Qu'est-ce que nous entendons par "le" politique ? Personne ne peut avoir la propriété de la réponse à cette question. C'est pour cela que nous voulons la poser dans un débat.

et déjà cela pose les conditions d'un problème. En effet celui qui pose la question, pose aussi simultanément le cadre d'un débat. Il en donne le cadre, les termes.
Pourtant il faut bien, et c'est ce que font les hommes politiques que nous posons la question si nous voulons agir. Voilà un paradoxe : la démocratie est le pouvoir de tous, mais ce pouvoir n'est possible que par le pouvoir de chacun. Par sa façon d'infléchir la chose mis en commun.

La question simultanément adressée à tous, elle est aussi la propriété de tous. Uniquement dans la mesure où, paradoxe, nous sommes intimement concernée par elle. Que nous en faisons une question personnelle. Qui engage notre destin, notre horizon, notre façon de nous positionner et d'agir à la fois personnelle et collective.

Cela renvoie à traiter une question qui s'adresse à nous de façon personnelle et collective, celle de notre participation à la société. Quand un homme politique, peu importe les responsabilités dont il est investit, institue un ministère dit de "l'identité française et de l'immigration", dans son énoncé il répond à la question à la place des autres. Ce n'est pas comme on dit dans l'esprit d'un rassemblement, d'un traitement à égalité de toute forme de vie. Peu importe les responsabilités, cet homme, Nicolas Sarkozy, se veut plus responsable que nous de ce que nous sommes et de comment nous devons vivre avec les autres. Cet homme nous dépossède de la question.

De cette façon, "la"politique pourrait-elle être entendue comme une façon d'obturer de fermer la question : « du » politique ? J’ai un autre point de vue. Poser la question du politique c'est aussi bien poser la question des rapports de la société civile à ses institutions.

Il s'agit d'une pensée et d'une action. D'une pensée active et versus, d'une action réfléchie.

Alain Arnaud

2 commentaires:

La Sagesse de l'image a dit…

A voir

Anonyme a dit…

Dans la vallée d'Elah

Dénonciation forte de la politique de Bush bien sûr. Sans gant. Je réfléchis aux métaphore : L'Irak comme barbecue.
L'image la plus forte que j'ai reçue venant de l'actualité : pendant la guerre au Vietnam, dans les News du journal télévisé, on voit une scène : où un homme est transformé en torche, c'est un combattant Vietnamien, pendant qu'un soldat américain dit à ses camarades : " le mec est en train de cramer". Sa parole m'est parvenu comme un plus grand choc que l'image elle-même. Comme si chez lui il y avait l'indifférence du cynisme, presque un contentement.

La métaphore du barbecue dans le film : je ne peux pas la mettre en rapport avec l'extermination de la shoah, les chambre à gaz. C'est très différent.

En revanche je vois tout de suite une des premières séquences du film de Carpenter Le village des damnés Au début du film, tous les habitants du village s'endorment pendant la fête de l'école. On retrouve l'homme qui s'occupait du barbecue la tête carbonisée. Le lien me semble après coup d'autant plus proche, que dans le Village des damnés, il s'agit bien de meurtre venant de la communauté, et de ceux qui en sont les plus innocents. Ici idem : l'enfant irakien écrasé, renvoie au soldat assassiné aussi bien qu'à son camarade : il sont devenus de par le conflit des machines de mort agissant par automatisme mais aussi sur ordre d'en haut (ne pas faire de quartier vue la situation de guet-apens). Dans le village des damnés, l'ordre est venu d'une autre planète, d’une extériorité radicale. Bush est-il un extra terrestre ? Sommes-nous dans nos systèmes politiques actuels dans un mauvais film, du genre "Body snatchers", L'invasion des profanateurs de sépultures. Sommes nous possédés de l'intérieur ? Le coup du code génétique, n'en est il Pas une tentative ?
Jérôme